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Utsunomiya et la Pierre de Oya
(Préfecture de Tochigi, Japon)
Heure locale

Lundi 6 octobre 2014

 

Ce matin, le temps n'est pas au beau fixe à Aïzu-Wakamatsu. C'est sous une forte pluie que je quitte l’hôtel où je résidais depuis quelques jours. Heureusement que la gare ne se trouve qu'à quelques centaines de mètres. Mon train de 7h35 doit me conduire à Koriyama puis Utsunomiya. Dans la salle d'attente de la gare, la télévision NHK annonce que le typhon attendu passe actuellement au large de la côte Pacifique de l'île d'Honshu. Ce qui occasionne l'arrêt complet du trafic des Shinkansen entre Tokyo et Osaka. Mon train à moi est bien confirmé, mais plus on descendra vers la capitale, et plus le temps deviendra exécrable avec rafales de vent et...de pluie. Comme à mon habitude, j'ai choisi un hôtel situé face à la gare d'Utsunomiya, mais ces quelques minutes de marche suffiront à ce que j'arrive trempé à mon nouvel hébergement. Il me faudra me changer avant de repartir.

Nous sommes lundi et comme très souvent au Japon, le lundi est le jour de fermeture des musées, moi qui voulait aller me réfugier dans une salle, vu le temps qu'il fait.... Située dans la préfecture de Tochigi, Utsunomiya est entourée par les montagnes de Nikko et Nasu au nord-ouest, par la rivière Kinu à l'est, et par la plaine du Kanto au sud-est. Située seulement à une centaine de kilomètres de Tokyo, la ville s'est construite autour du sanctuaire Futaara-yama, puis autour du château que l'on doit à Sohen Fujiwara. Une importante bataille se déroula à cet endroit, du 10 au 14 mai 1868, lors de la guerre de Boshin, entre l'armée impériale et les troupes de Tokugawa et entraina l'incendie d'Utsunomiya. La nouvelle municipalité sera fondée le 1er avril 1896, mais subira les raids aériens de la seconde guerre mondiale. Economiquement, elle accueille plusieurs usines dont celle de Canon (matériel optique), des centres de design Honda et d'autres entreprises industrielles situées dans le complexe industriel de Kiyohara.


 

On me propose de visiter le musée de la pierre de oya. Je m'attendais à voir autre chose aujourd'hui à Utsunomiya mais je n'ai pas le choix. Il me faut prendre le bus pour m'y rendre mais ceci n'est plus un obstacle pour moi. D'autant plus qu'un groupe de « jeune filles d'Hokkaido » à la retraite, toutes vêtues de survêtements (sans oublier le poncho contre la pluie!) se rendront au même endroit. Nous converserons un moment et ferons un petit bout de chemin ensemble. Quelle énergie chez ces personnes âgées et quelle ambiance dans l'autobus lorsqu'elles se sont mises à engager la conversation avec les autres clients, sensiblement du même âge, mais natifs d'Utsunomiya !

La pierre de oya, qui est une pierre calcaire, fut formée il y a 20 millions d'années par l'explosion d'un volcan à proximité. Les collines aux alentours en regorgent et son nom vient d'un temple, le temple Oya-ji (ci dessus) qui se trouve tout près d'une immense statue de Kannon, mesurant 27 mètres de haut, et qui représente la forme féminine de Bouddha au Japon. On dit que ce temple aurait été fondé par Kobodaishi en l'an 810. Kobodaishi, aussi connu sous le nom de Kukai, est le saint fondateur de l'école bouddhiste Shingon. C'est aussi une figure marquante de l'histoire du pays : son esprit universel influencera fortement la culture et la civilisation japonaises. Il était non seulement un grand religieux mais aussi un éminent homme de lettres, un philosophe, poète et calligraphe. Il manifestera, pendant toute son existence, une bienveillance vis à vis des êtres. Il est encore aujourd'hui très populaire. Il m'est interdit de prendre des photos à l'intérieur du temple et c'est dommage car on y trouve des images d'Oya Kannon (biens culturels du Japon) directement sculptées dans la pierre. A côté du temple, on peut apercevoir une autre grande image du dieu Heiwa, directement gravée dans la pierre après la seconde guerre mondiale, et qui est dédiée aux victimes de la guerre et à la paix dans le monde. Les pèlerins sont nombreux à venir s'y recueillir. On craignait la détérioration de ces sculptures avec le temps. Aussi, en août 1961, le gouvernement lança t-il une vaste enquête afin de savoir comment on pourrait protéger ces images des outrages du temps. Un comité franco-japonais fut mis à pied d'oeuvre pour trouver la solution et il fut finalement décidé d'utiliser de la résine pour réparer les statues. Débuté en septembre 1962, le chantier durera trois années. Ce dernier permit entre temps de découvrir d'autres pièces datant d'il y a 2000 à 10000 ans, dont de la faïence, la plus ancienne jamais trouvée au Japon. Ce qui laisse penser que l'endroit était déjà habité à l'âge néolithique.


 

La pierre de oya consiste en une sorte de tuf, mélange des meilleurs détritus volcaniques stratifiés. A la fois résistante à la chaleur, tendre, et donc facile à travailler, cette pierre était idéale pour la construction de clôtures et d'entrepôts dans le village voisin (comme cette maison ci-dessous). Une fois coupée, cette pierre offre une certaine chaleur et est bien adaptée à l'artisanat. A côté du musée, je découvre une foule d'objets sculptés à base de pierre de oya comme ce mur décoratif ci-dessous. L' architecte américain Frank Lloyd Wright l'utilisera en 1922 pour bâtir l'ancien hôtel Imperial Hotel de Tokyo. Il utilisera cette fameuse pierre pour habiller l'intérieur et l'extérieur de célèbre établissement qui sera bâti de 1916 à 1922, avant d'être rasé en 1968. A l'époque, il y avait sur place cent tailleurs de pierre, et 600 personnes au total sur ce chantier qui durera quatre ans. Mais depuis quelques temps, la carrière a tellement été exploitée qu'elle ne suffit plus à répondre à la demande. Aussi réserve t-on donc désormais la pierre de oya à l'artisanat, à la décoration de murs ou de façades, ou à l'aménagement d'intérieurs.


 

La visite de ce musée débute par la descente dans les profondeurs de ce qui fut autrefois une gigantesque carrière souterraine (ci-dessous) creusée sous la colline, et réaménagée depuis pour les visiteurs, en spectacle son et lumière (deuxième photo). Un circuit balisé permet de déambuler sans risque dans cette carrière qui fut exploitée 70 années durant (jusqu'en 1986), et qui mesure 140 mètres par 150. Soit une surface de 20000 m2, ou 300000 m3 de pierre extraite (en équivalent volume). J'apprends pendant ma balade qu'une usine de production d'avions avait même trouvé refuge à cet endroit lors de la seconde guerre mondiale. Il est vrai que pour travailler, la température était idéale, car constamment fixée à 7°C. Nous sommes alors à trente mètre en-dessous de la surface. Bien sûr, de nombreux outils et des machines étaient nécessaires afin d'extraire le précieux matériau. On en voit encore quelques traces (troisième photo)


 

En surface se trouve une salle unique (ci-dessous) rassemblant différents outils et objets utilisés par les ouvriers lors de l’exploitation de la carrière. Je remarque un Shinkansen gravée dans la pierre de oya, portant à sa surface des kanjis dont j'ignore le sens. Une plongée dans les profondeurs de la terre bien instructive !


 

 

INFOS PRATIQUES :


  • Musée de la pierre de oya, 909 Oya-machi, à Utsunomiya. Tel:028 652 1232. Ouvert tous les jours de 9h00 à 17h00. Entrée : 700 yens. Pour vous y rendre, emprunter le bus 45 à la gare d'autobus (sortie ouest de la gare d'Utsunomiya, arrêt N°6), cout 450 yens et descendre à l'arrêt Oya Shiryookan Iriguchi.

  • Temple Oya-Ji, dans le petit village près du musée, ouvert tous les jours de 8h30 à 17h00. Entrée : 300 yens. Photos extérieures uniquement.
  • Si vous aimez les ramen, allez au restaurant KAZAN, à deux oas de la gare (sortie est), à deux minutes à pied de l'hotle Daiwa Roynet, Chukugo 3-2-1, à Utsunomiya. Tel : 028 610 7020. Ouvert tous les jours, de 18h00 à 3h00 du matin. Accueil très sympathique.







 



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