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Le Cimetière d'Aoyama
(Tokyo, Kanto, Japon)
Heure locale

Mercredi 27 juin 2012

 

Je n'ai pas pour habitude de trainer dans les cimetières mais celui où je vous emmène aujourd'hui est particulier, et ça tombe bien! Le cimetière d'Aoyama , qui est situé dans le quartier de Minato à Tokyo est une page de l'histoire du pays. En effet, celui-ci se trouve sur les terres d'une puissante famille japonaise de jadis, la famille Aoyama ( d'où le nom du lieu, qui signifie la montagne bleue en japonais), qui appartenait au clan Gujo dans la province de Mino, et il fut du surcroit le premier cimetière public du Japon, en 1872. Ses 260 000 m² de superficie accueillent plusieurs sections: La section japonaise, la section étrangère et la section Tateyama. Ces sections correspondent à des parties du cimetières qui comportent chacune les tombes de ressortissants différents. La section japonaise accueille des personnalités nippones dont celle de Goto Shojiro, Nogi Maresuke ( général japonais), ou Okuo Toshimichi ( homme d'état japonais, samourai de Satsuma et un des héros de la révolution de 1868 contre le shogunat).

 

La section étrangère (Gaijin Bochi)accueille les tombes d'étrangers qui ont notamment apporté leur contribution à l'ouverture du pays durant la période Meiji. On trouve aussi des français missionnaires, dont Paul Jacoulet, un artiste de style japonais, qui aura passé la majeure partie de son existence au Japon, peignant des estampes japonaises ukiyoe , fines et colorées. Le style ukiyoe fut un mouvement artistique de l'époque Edo comprenant la peinture populaire et narrative mais aussi des estampes japonaises gravées sur bois. Notre artiste arrive tout jeune au Japon avec ses parents. De nature fragile, il dessinera dès l'âge de 11 ans, et se fondra complètement dans la culture nippone. Il se rendra au sud du Japon et en Micronésie ( qui sera pour lui une source d'inspiration pour ses ukiyoe). Paul Jacoulet, outre ses collections d'estampes, possédait aussi une très riche collection de papillons. On peut aussi apercevoir la sépulture de Monseigneur Osuf, qui fut le premier archevêque de Tokyo, et Albert du Bousquet (photo ci-dessous), lieutenant d'infanterie et interprète de l'ambassade de France. On y trouve la tombe d'Henry Palmer, ingénieur britannique qui contribua à la construction du port de Yokohama avec des canadiens, coréens, russes, hollandais et irlandais.


 

L'une des tombes les plus célèbres du cimetière d'Aoyama reste celle d'Hachiko, ce chien qui a sa statue à la station Shibuya. Si vous ne connaissez pas l'histoire de cet animal, la voici: Il était une fois un chien d'Akita, appelé Hachiko par son maitre, Hidesaburo Ueno, Professeur à l'université impériale de Tokyo. Hachiko signifiait hachi (huit en japonais car le chiot était le huitième de la portée) et ko ( qui est une particule affective qui signifie enfant). Hachiko, chien fidèle, accompagnait son maitre tous les jours à son travail et même parfois jusqu'à la gare de Shibuya. Or, le 21 mai 1924, Hidesaburo Ueno (tombe sur la première photo ci-dessous) décède d'une hémorragie intra-cérébrale et ne rentre pas. Hachiko continuera malgré tout à se rendre chaque jour à la gare pour attendre son maitre. Il deviendra célèbre, quelques années plus tard, grâce à un article du journal Asahi Shimbun. Et recevra le nom de Chuken (chien fidèle en japonais). Le 8 mars 1935, un peu moins de dix ans après la disparition de son maitre, Hachiko mourra près du pont Inari le long de la rivière Shibuya. Ses restes seront empaillés pour être depuis exposés au musée national des sciences, et une autre partie du chien sera enterrée au cimetière d'Aoyama (deuxième photo ci-dessous), à côté de la tombe de son maitre Hidesaburo Ueno. Preuve du profond attachement des Japonais pour leurs animaux domestiques, une place d'honneur est réservée à Hachiko au cimetière virtuel des animaux domestiques du Japon.


 

La section Tateyama ( en référence à cette ville de la préfecture de Chiba qui fut la première envahie par les troupes américaines après la signature du traité marquant la défaite du Japon à la seconde guerre mondiale) accueille les sépultures de Tetsuzan Nagata, Heitari Kimura et Sagara Sozo, trois hommes qui jouèrent un rôle important lors de la reddition du pays.

Mais le cimetière d'Aoyama n'est pas qu'un lieu de sépultures. Il est aussi un lieu de promenade très prisé des tokyoites qui viennent s'y promener au moment de la floraison des cerisiers et qui pique-niquent sous les arbres en fleurs, à proximité des 100 000 tombes. Le dimanche, une foule venue de tous les horizons s'y retrouve. On y croise aussi des femmes en kimono qui viennent répéter les danses traditionnelles avant un spectacle. On y rencontre des couples en tenue de golf qui viennent travailler leur swing ou bien des joggeurs venus courir en pleine nature, entre cerisiers et azalées.

En 2005, une association fut créée afin de sauver les tombes menacées de disparition et qui témoignent de l'histoire du Japon durant l'ère Meiji. Une pierre a depuis été posée par le gouverneur de Tokyo, pierre qui rappelle qu'à cet endroit reposent des hommes et des femmes venus au Japon pour contribuer à la modernisation du pays.

Ci-dessous la photo du monument dédié aux soldats inconnus

 

 

 

INFOS PRATIQUES:

 


  • Cimetière d'Aoyama, 2-32-2 Minami aoyama, Minato-ku à Tokyo. Descendre à la station Nogizaka (Tokyo metro) sur la ligne Chiyoda.

     

    !prévoyez de vous promener librement, comme je l'ai fait dans ce grand cimetière noyé dans la verdure. Des plans sont disséminés ici et là mais ils sont rédigés en japonais et seuls quelques mots figurent en anglais. Vous rencontrerez sans doute des gens sur votre chemin qui vous aideront à trouver telle ou telle sépulture ( à condition que vous possédiez quelques rudiments de japonais!). Aucune documentation en anglais n'est disponible sur ce site. Entrée libre.

  • Estampes de Paul Jacoulet: http://www.tanakaya.fr/23_m_paul__jacoulet.htm

  • Site internet du cimetière virtuel des animaux domestiques du Japon: http://www.pet.ai/reien.aspx?m=1&g=2483









 



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