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Exposition "Boulogne sous le Second Empire. Du coup d'Etat de 1840 à la débâcle de 1870"
(Archives municipales, Boulogne-sur-Mer, Pas-de-Calais, France)
Heure locale

 

Lundi 27 novembre 2023

 

Les Archives municipales de Boulogne-sur-Mer (62) présente actuellement l’exposition « Boulogne sous le Second Empire, du coup d’Etat de 1840 à la débâcle de 1870 », jusqu’au 15 décembre 2023. Cité symbolique dans le mythe napoléonien, Napoléon III tissera un lien particulier avec cette ville, laquelle se retrouvera malgré elle,à la croisée des relations internationales de l’époque.

 

C’est sans incident notoire que se déroule la Révolution de 1830 boulonnaise grâce à l’énergie du nouveau maire Alexandre Adam et à la détermination de la garde Nationale réorganisée par le colonel Sansot, ancien officier de la Garde Impériale.

Ce maire, négociant et banquier, participa à la fondation de la Chambre de Commerce en 1819 et mènera de main de maitre la gestion de l’entreprise familiale. Son accession au pouvoir majoral en 1830 symbolise alors la relève de la noblesse par la bourgeoisie, et de la Haute Ville par la Basse Ville. Faisant preuve d’indépendance d’esprit et de modération, Alexandre Adam s’entoure d’une équipe solide et stable, dont les compétences sont bientôt mises à rude épreuve face à l’épidémie de choléra de 1832 et à la formidable expansion urbaine à venir. Malgré les ressources financières limitées de la ville, de grand travaux d’urbanisme sont menés à bien : ouverture de voies nouvelles, construction d’un abattoir, d’un hôtel des Douanes et d’entrepôts, installation de l’éclairage au gaz. Le collège communal ouvrit ses portes en 1835 ainsi que d’autres écoles, un musée et une bibliothèque.

L’équipe municipale se bat également pour l’arrivée du rail jusqu’à Boulogne. Il en va à l’époque du désenclavement de la cité, et cette bataille est remportée en 1844 par Boulogne qui inaugurera la liaison ferroviaire Boulogne-Amiens quatre ans plus tard.

En 1840, Louis-Napoléon Bonaparte (Napoléon III) qui est réfugié à Londres croit que la popularité croissante des Français pour la légende napoléonienne rend plausible un ralliement aux garnisons françaises et un retour triomphal à Boulogne comme au début des Cent Jours. Après tout, la ville rassemble tant de souvenirs napoléoniens...

Louis-Napoléon débarque donc à Wimereux, le 6 août 1840, accompagné d’une cinquantaine d’hommes, lesquels tentèrent d’obtenir le ralliement de la garnison de la caserne, en vain. Soudain, les portes de la Haute Ville furent refermées, et les conjurés, poursuivis par les militaires et la Garde nationale, rembarquèrent sur leurs frêles embarcations. Louis-Napoléon et ses comparses sont arrêtés et emprisonnés à la Conciergerie (Paris) dans l’attente de leur procès. Procès au terme duquel Louis-Napoléon est condamné à l’emprisonnement à perpétuité au fort de Ham, dans le nord-est de la France près de Reims et à environ 80 km de Paris.

 

En février 1848,la crise politique déjà existante est renforcée par l’insurrection de la rue : Louis-Philippe abdique le 24 en faveur de son petit-fils le comte de Paris. En vain, la Monarchie de Juillet est renversée, et la Seconde République proclamée. S’installe alors un gouvernement provisoire chargé d’organiser des élections parlementaires pour établir l’Assemblée constituante (à laquelle les candidats boulonnais ne seront pas élus).

A Boulogne-sur-Mer, la municipalité républicaine s’efforce d’adoucir la crise sociale en organisant des ateliers communaux pour donner du travail aux chômeurs : curage de la Liane, construction des quais, établissement d’un boulevard, l’actuel boulevard Daunou, et création de promenades autour des remparts.

De 1849 à 1870, plusieurs municipalités d’affaires se relayent à l’hôtel de Ville, avec, à chaque fois, plusieurs maires entreprenants à leur tête : Louis Fontaine, maire de 1849 à 1855, relance une politique de grands travaux (construction d’un palais de justice néoclassique, édification des églises Saint-Vincent-de-Paul et Saint-Pierre, construction d’un pont sur la Liane, servant de barrage-écluse, acquisition de l’établissement de bains, restauration de l’Hôtel de Ville). Son mandat connaitra tantôt des jours moins heureux avec deux graves épidémies de choléra en 1849 et en 1854, tantôt des moments de réjouissances comme en 1855, lors de la venue en France de la reine Victoria (ci-dessous)


 

De septembre 1853 à août 1855, Boulogne fut l’une des villes que Napoléon III a le plus fréquentées. En septembre 1853, il vint avec Eugénie sur les lieux des événements de 1840 pour les effacer des mémoires et visita le château où il avait été jeté en prison, puis rassembla les vieux soldats de l’Empire à la Colonne de la Grande Armée, et fut reçu à la Chambre de Commerce où son président, Alexandre Adam, l’ancien maire, qui l’avait fait arrêter en 1840, lui présenta un programme de grands travaux pour le port.

En juillet 1854, au début de la guerre de Crimée, l’Empereur vint inspecter les troupes du corps expéditionnaire de la Baltique qui s’apprêtaient à embarquer. A partir de cette date, des effectifs importants furent maintenus en réserve dans les camps du Boulonnais. Napoléon III revint donc en septembre 1854 pour assister à des manœuvres et pour présenter les troupes françaises aux souverains étrangers : il reçut le roi des Belges, le roi du Portugal et le prince Albert d’Angleterre. Pendant tout l’hiver, la présence des militaires dans les environs profita au commerce boulonnais.

Boulogne revit Napoléon III au printemps lorsque celui-ci passa à l’occasion d’un voyage en Angleterre. Le 18 août 1855, une foule immense se rassembla à Boulogne pour accueillir la reine Victoria qui fut reçue par Napoléon III. Lors de son voyage de retour vers l’Angleterre, Victoria passa en revue avec les souverains français, les soldats des quatre camps de l’armée du Nord, et s’embarqua le 27 août au milieu d’une affluence considérable. Ces grandes fêtes firent beaucoup pour la popularité de l’Empire à Boulogne. En 1857, une abondante distribution de médailles de Sainte Hélène aux 241 soldats et marins survivants de l’épopée napoléonienne, resserra encore les liens entre le peuple et la dynastie. Dans la longue liste des décorés, beaucoup de noms de famille très connus, ou destinés à l’être, apparaissaient : Bourgain, Cary, Coquelin, Cousin, Demarle, Delpierre, Ducrocq, Duhamel, Fontaine, Fourmentin, Geneau, Hennuyer, Huret, Lefebvre, Lejeune, Leprêtre, Moleux, Morand, Quettier, Sauvage, Ternisien, Wacogne, Yvart …

L’année 1855 fut celle du retour à la mairie d’Alexandre Adam qui s’efforcera d’appliquer le programme de grands travaux qu’il avait présentés à l’Empereur deux ans auparavant : réfection du quai du Centre, lancement des travaux du bassin à flot (inauguré treize ans plus tard), reconstruction du théâtre sur l’emplacement de celui qui avait brûlé sous les yeux de l’Empereur en septembre 1854, mise en place du Conseil des Prud’hommes en 1856 et du Comité des Armateurs et Patrons de pêche en 1857.

Un autre sujet qu’Alexandre Adam souhaitait mener à bien était celui du libre-échange : ses prises de position audacieuses dans ce domaine le conduiront à sa chute en 1861, à la suite d’une campagne revancharde de ses nombreux adversaires. Les Boulonnais, eux, n’attendront pas sa disparition pour lui rendre un hommage particulièrement solennel, puisque dès le 9 septembre 1869, une délibération du conseil municipal donnera son nom à une rue de la ville. Et Baudelocque, pourtant l’un de ses adversaires politiques, de s’écrier le jour de ses funérailles en 1886 : « le rénovateur de Boulogne c’est lui ».

 

Bertuphe Gosselin, lui aussi banquier, lui succèdera à la mairie en 1861, et parviendra, non sans mal, à obtenir le raccordement dans la même gare du chemin de fer de Boulogne à Paris et de celui de Boulogne à Calais alors en construction. Homme de travaux, il fera construire la Halle aux poissons, et le nouvel établissement de bains, inauguré en 1863, destiné à durer jusqu’à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Il développa aussi les installations scolaires et un musée qu’il voulut voir figurer parmi les premiers de France.

Ce maire sera remplacé par le docteur Eugène Livois, fervent défenseur des bains de mer boulonnais. Cet ex-conseiller municipal engagera les actions nécessaires pour améliorer les canalisations d’eau et des égouts. Il sera, lui aussi, confronté à une épidémie de choléra en 1866, qui fera 563 morts. En revanche, le succès de l’Exposition Internationale de la pêche d’août à septembre, et l’éclat exceptionnel des fêtes de Notre Dame, avec la consécration de la nouvelle église le 24 août 1866, et la procession du 26, marqueront l’apogée des festivités boulonnaises sous le Second Empire.

 

Les diverses élections de 1869 furent d’autant plus suivies qu’elles conviaient les Français à approuver les réformes libérales opérées par l’Empereur dans la constitution depuis 1860. A Boulogne, le plébiscite du 8 mai 1870 sera très favorable à l’Empereur (avec 80 % de oui), ce qui n’empêchera pas l’histoire de suivre son cours (tragique) avec, moins de quatre mois plus tard, la défaite de Sedan, qui entrainera la captivité de Napoléon III et la disparition du régime impérial.

En effet, rien ne va plus en France en 1870-1871 : d’un côté, près de 7000 ouvriers miniers du Creusot font grève pour réclamer des augmentations de salaire, et de l’autre, Napoléon III prend le commandement de l’armée du Rhin à Metz, aux forces déséquilibrées (240000 hommes côté français contre 500 000 du côté de la Prusse et de ses alliés allemands).Résultat, le 4 août, les Prussiens s’emparent de Wissembourg, avant d’envahir la France deux jours plus tard. Le 7 août, l’état de siège est décrété à Paris. Des manifestations de province protestent contre l’Empire du 7 au 13 août et des manifestations hostiles à Napoléon III ont lieu à Paris le 9 août.

Malgré le redéploiement de l’armée du Rhin le 12 août avec à sa tête le maréchal Bazaine, celle-ci bat en retraite deux jours plus tard, puis Metz et Bazaine sont encerclés le 20 août.

Alors que Napoléon III cherche à rejoindre Bazaine, il doit capituler lors de la bataille de Sedan et se rend aux Prussiens qui l’emprisonnent.

Le 4 septembre 1870, le corps législatif vote la déchéance de Napoléon III, la proclamation de la IIIème République et la constitution par Thiers d’un gouvernement provisoire de défense nationale.

19 et 20 septembre : Les Prussiens encerclent Paris et s’installent à Versailles.

28 septembre : Capitulation de Strasbourg.

27 octobre : Capitulation de Bazaine à Metz.

17 décembre : Premiers bombardements sur Paris

A Boulogne, les républicains surent conserver la municipalité avec, dans leurs rangs, avocats, journalistes, médecins et industriels. Face à la menace de l’invasion ennemie, la nouvelle municipalité contribuera à la formation et au maintien de l’armée du Nord, tout en assurant un minimum de subsistance aux indigents grâce à des fourneaux économiques, et en organisant l’accueil des blessés.

Occulté par la première, puis la seconde Guerre mondiale, le conflit franco-prussien n’en a pas moins affecté la population boulonnaise et marqué les esprits, notamment à travers le développement d’un sentiment national.

 

 

INFOS PRATIQUES :

 

  • Exposition « Boulogne sous le Second Empire. Du coup d’Etat de 1840 à la débâcle de 1870 », jusqu’au 15 décembre 2023, aux Archives municipales de Boulogne-sur-Mer, 11 rue de Bertinghen, à Boulogne-sur-Mer (62).







 



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