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Les Héros de la France éternelle - Henri IV
(30) (France)
Heure locale

 

Lundi 27 mars 2023

A la disparition d’Henri III, c’est Henri de Bourbon, surnommé « le Grand » ou encore « Le Vert Galant » qui monte sur le trône : Henri IV devient ainsi le premier roi de France de la maison capétienne de Bourbon le 2 août 1589 et le restera jusqu’à son assassinat à Paris le 14 mai 1610.

C’est en effet le premier prince du sang, descendant en lignée masculine du roi Saint Louis, et successeur naturel des rois de France de la maison de Valois qu’incarne Henri IV.

Bien baptisé catholique, ce nouveau souverain sera élevé dans la religion réformée, c’est à dire le protestantisme, puis s’impliquera dans les guerres de Religion en tant que prince du sang, roi de Navarre et chef de la noblesse protestante. Il abjurera pourtant le protestantisme en 1572 alors que se déroule le massacre de la Saint-Barthélémy, mais y reviendra quatre ans plus tard après avoir fui la cour de France.

La mort du duc François d’Anjou, frère cadet et héritier du roi Henri III de France, en 1584, n’arrange pas les affaires de la ligue catholique, qui voit d’un mauvais œil l’accession d’un protestant au trône de France. Henri de Navarre, désormais héritier légitime du trône devient pourtant roi mais devra poursuivre son combat contre la Ligue... en se convertissant au catholicisme le 25 juillet 1593, lors d’une cérémonie à la basilique de Saint-Denis, ce qui lui permet d’être sacré à Chartres (au lieu de Reims) en 1594. Malgré ce geste, une partie de la Ligue maintiendra son hostilité jusqu’en 1598, date à laquelle Henri IV reçoit la reddition du duc de Mercoeur, gouverneur de Bretagne.

Cette même année, est signé, en avril, l’Edit de Nantes, dont le but est de mettre un terme aux guerres de religion qui déchirent le pays depuis 1562: cet édit de tolérance accorde aux protestants des droits religieux, civils et politiques dans certaines parties du royaume, tout en leur concédant une soixantaine de places de sûreté et le versement d’un subside annuel par le trésor royal.

 

Le règne d’Henri IV est marqué par la bonne gestion du duc de Sully, son Premier ministre. Le souverain s’appuie en effet sur des ministres et des conseilleurs compétents pour gouverner. Les années de paix permettent de renflouer les caisses et Henri IV lance le chantier de la grande galerie du Louvre qui relie le palais aux Tuileries. Il poursuit ensuite ces travaux en effectuant plusieurs campagnes d’agrandissements et de décors de grands châteaux royaux, comme à Fontainebleau ou à Saint-Germain-en-Laye. Plusieurs sculpteurs (Pierre Biard l’aîné, Pierre Franqueville, Mathieu Jacquet, Barthélémy Prieur et Jean Mansart) sont sollicités pour l’occasion, ainsi que les peintres français et flamands (Toussaint Dubreuil, Ambroise Dubois, Jacob Bunel et Martin Fréminet).

Par ailleurs, le roi met en place une politique d’urbanisme moderne, qui se traduit par l’achèvement de la construction du pont Neuf (lancée par son prédécesseur), la création de deux nouvelles places (place Royale devenue aujourd’hui place des Vosges, et place Dauphine sur l’île de la Cité). Une autre place (place de France) aura été un temps envisagée mais ne sera finalement pas construite.

 

Henri IV n’échappera pas au soulèvement des paysans dans le centre du pays, une révolte qu’il fera mater par l’armée : mécontents de l’augmentation des impôts, la révolte des croquants (on surnommait ainsi les nobles dont on disait qu’ils voulaient croquer le peuple) prend forme dans les provinces les plus fidèles au roi (Poitou, Saintonge, Limousin et Périgord). Il est vrai que notre pays a besoin d’une bonne remise en état et la production agricole finira à terme par retrouver son niveau de 1560 en 1610.

D’autre part, l’unanime désir de paix aidera à la signature de l’Edit de Nantes et motivera la reconstruction du Languedoc et du nord de la France.

L’économiste Barthélémy de Laffemas et le jardinier nîmois François Traucat s’inspirent pour leur part des travaux de l’agronome protestant Olivier de Serres et font planter des millions de mûriers dans les Cévennes, à Paris et dans d’autres régions afin de développer l’industrie de la soie.

Conscient de l’importance des arts et de l’artisanat d’excellence dans le redressement du royaume, Henri IV cherche à mettre un terme aux importations massives de tapisseries des Flandres. Il offre aussi au maître lissier Girard Laurent de s’installer dans une ancienne Maison professe désertée par les Jésuites (précédemment expulsés du royaume) afin de parfaire son art. Girard Laurent, bientôt rejoint par un second tapissier, vont s’établir dans les nouvelles galeries du Louvre que le roi va parvenir à transformer en véritable pépinière d’artistes (peintres, sculpteurs,brodeurs, orfèvres, armuriers et ingénieurs...)

Le souverain est également l’initiateur du creusement du premier canal de transport fluvial français, le canal de Briare, reliant la Seine et la Loire pour le développement agricole. Quant à l’idée de la « poule au pot », elle est bien de lui : c’est lors d’une querelle avec le duc de Savoie qu’Henri IV aurait prononcé son désir que chaque laboureur ait les moyens d’avoir une poule dans son pot. Ce jour-là, le duc de Savoie, en visite, avait humilié le souverain en suggérant que les gardes du roi étaient insuffisamment payés. Son ministre Sully expliquera plus tard, dans ses mémoires que « pâturage et labourage sont les deux mamelles de la France ».

 

Quant au problème de la dette, aux grands maux les grands remèdes : Sully déclare la France en faillite vis-à-vis de certains créanciers et négocie à la baisse les remboursements pour d’autres.

Il pourchasse aussi les « faux » nobles en créant en 1604 un impôt de succession pour les charges d’officiers : la paulette (l’officier doit verser chaque année un soixantième de la valeur de l’office pour que la charge devienne héréditaire).Ce droit annuel tire son nom de son instigateur, Charles Paulet, secrétaire de la chambre du roi.

Cependant, la société de l’époque reste violente : les soldats congédiés forment des bandes armées qui écument les campagnes, avant d’être éradiquées par les forces de l’ordre royales dans les années 1600. Quant aux mœurs observées au sein de la noblesse, elles sont tout aussi violentes avec 4000 morts par duel enregistrés en 1607, mais aussi de nombreux enlèvements de jeunes filles à marier, à l’origine de guerres privées.

 

Par ailleurs, Henri IV est, à l’image de ses prédécesseurs, celui qui encourage l’implantation française à l’étranger :soutien des expéditions maritimes en Amérique du Sud et aide à l’implantation au Brésil.

C’est en Nouvelle-France que les Français parviennent à se fixer durablement, grâce à l’octroi par le roi, et en 1599, du monopole du commerce des fourrures à Tadoussac (actuel Québec) à François Dupont-Gravé et à Pierre Chauvin. Un autre monopole similaire sera ensuite octroyé en Acadie, à charge pour son détenteur, Pierre Dugua de Mons, de monter une expédition placée sous les ordres de Samuel de Champlain et d’installer à terme un poste français. Ce monopole sera révoqué en 1607, avant d’être rétabli un an plus tard. Samuel de Champlain est dans la foulée chargé par Henri IV, aux côtés de François Dupont-Gravé de fonder Québec, qui est le départ de la colonisation française en Amérique.

 

Les relations extérieures ne seront pas toujours aussi heureuses et le roi livrera bataille sous son règne à l’Espagne et à la Savoie :

 

- En 1595, Henri IV déclare la guerre à l’Espagne. Il éprouve d’abord des difficultés à repousser les attaques espagnoles en Picardie et à faire face à la prise d’Amiens par les Espagnols puis au débarquement d’une troupe hispanique en Bretagne. Le roi perd également le soutien de la noblesse protestante, laquelle, se sentant abandonnée, refuse de combattre aux côtés d’Henri IV. La fin du conflit intervient avec la signature de la paix de Vervins le 2 mai 1598.

 

- En 1599, un article de la paix de Vervins blesse Charles-Emmanuel 1er, duc de Savoie. Faute de s’entendre sur le différent qui les oppose, Henri IV déclare la guerre à la Savoie le 11 août 1600.

 

A la fin du règne du roi Henri IV, des tensions existent entre la France et les Habsbourg d’une part, et on assiste à la reprise des hostilités avec l’Espagne d’autre part. Pourtant, l’idée d’une guerre européenne ne plait ni au pape, ni aux sujets du roi.

Le souverain se retrouve dans une position délicate, du fait de l’hostilité de certains catholiques et de protestants (qui cherchent à maintenir les privilèges accordés par l’édit de Nantes). Un événement plus réjouissant est annoncé pour le 13 mai 1610, date du couronnement officiel de la reine Marie de Médicis à Saint-Denis. Le lendemain, alors que le roi traverse Paris pour rendre visite à son ministre Sully, souffrant, Henri IV est poignardé par François Ravaillac, un catholique fanatique, au 8-10 rue de la Ferronnerie. Le roi s’éteint durant son transport jusqu’au Louvre, à l’âge de 56 ans.

 

INFOS PRATIQUES :

  • Ouvrage « Henri IV » de Jean-Christian Petitfils (Perrin)


 



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