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Les Héros de la France éternelle - Charles VII
(22)(France)
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Lundi 27 juin 2022

Charles « le Victorieux » ou «le Bien Servi », c’est ainsi que l’on surnommera Charles VII, digne successeur de son père Charles VI. Ce souverain, indissociable de l’épopée de Jeanne d’Arc, réussira par son talent et durant un règne de presque quarante ans à renverser une situation compromise. En effet, le traité de Troyes (1420) avait déshérité le dauphin du royaume de France au profit de la dynastie anglaise des Lancastre. C’était sans compter sur la détermination de Charles de Ponthieu (Charles VII) alors seul héritier au trône, qui dénonce le traité et se proclame roi de France le 30 octobre 1422, en la cathédrale de Bourges, neuf jours seulement après le décès de son père.

 

Onzième et avant-dernier enfant de Charles VI et d’Isabeau de Bavière,Charles nait dans un pays en pleine tourmente, durant la Guerre de Cent Ans et la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons. Et sa prise de pouvoir sera la conséquence de la disparition prématurée de deux de ses frères ainés, le dauphin Louis,, duc de Guyenne et le dauphin Jean de Touraine.

Charles sera d’abord nommé dauphin de France à l’âge de 14 ans, en tant que dernier héritier vivant de la couronne de France. L’adolescent a du caractère car sa mère, qui prétendra assumer seule la régence en remplacement du duc d’Anjou mort en 1417, sera arrêtée par Charles son propre fils puis envoyée sous bonne garde à Tours sous la surveillance des Armagnacs. Isabeau de Bavière ne pardonnera jamais cette mésaventure à son fils. C’est donc les mains libres que le jeune Charles prend part à la régence du royaume aux côtés des Armagnacs , jusqu’au jour où le turbulent duc de Bourgogne, Jean sans Peur, parvient à libérer Isabeau de Bavière de sa prison tourangelle pour l’installer à Troyes après l’avoir rallié à sa cause. A savoir prendre le contrôle de Paris en enlevant le dauphin Charles et en éliminant au passage les Armagnacs, pour assumer lui-même la régence du royaume. La machination prend forme dans la nuit du 29 mai 1418 lorsque la capitale est envahie par les gens du duc de Bourgogne. Aussitôt, le prévôt de Paris tire le dauphin Charles de son sommeil et le met à l’abri à la Bastille Sainte-Antoine, puis à Melun, pour le sortir des griffes de Jean sans Peur. Pendant ce temps, les Bourguignons se livrent au massacre du chancelier de France, du connétable de France et de leurs partisans armagnacs. Le dauphin, lui, se réfugie à Bourges pour y organiser la résistance contre les Bourguignons et les Anglais. Profitant alors dé l’état de démence dans lequel se trouve Charles VI, le père du dauphin, Jean sans Peur parvient à faire promulguer un édit pour révoquer les pouvoirs du dauphin qui s’est entre temps proclamé régent du royaume de France depuis Bourges. Le jeune Charles gouverne ainsi de manière décentralisée en établissant la Cour des comptes à Bourges et le Parlement à Poitiers. Entouré de grands féodaux et de chefs de guerre, il parvient aussi à soumettre plusieurs villes (Tours, Melun, Meaux, Compiègne et Montereau).

 

Les Bourguignons occupant la capitale et ses alentours sont bientôt cernés par les Armagnacs et Jean sans Peur tente de négocier par le traité de Saint-Maur : l’accord prévoit de pardonner aux Armagnacs pour tous les maux qu’ils ont causé, dont l’empoisonnement des deux premiers dauphins de France et la détention en otage du futur Charles VII. Le jeune Charles n’est pas dupe et refuse de signer ledit traité . Jean sans Peur ne désespère pas de récupérer Charles sous sa coupe, et son alliance avec l’Angleterre se délitant, il décide de traiter directement avec Charles dans le but de signer un traité d’alliance contre les Anglais. Malgré la réticence des Armagnacs, un premier traité (du Ponceau) est signé en 1419. Jean sans Peur ayant pris soin de faire prêter serment aux conseillers du dauphins sur les Saintes Ecritures. Ce premier traité devant être confirmé, une deuxième rencontre a lieu le 10 septembre 1419 entre Charles et Jean sans Peur, chaque homme étant placé sous haute protection. Mais la discussion s’envenime, les hommes d’armes brandissent leurs épées et Jean sans Peur est tué. Accusé d’assassinat prémédité par les Bourguignons, Charles se défendra et devra longtemps affronter la vengeance du duc Philippe le Bon (qui n’est autre que le fils de feu Jean sans Peur). Ce dernier s’alliera avec les Anglais pour combattre le dauphin, et, compte tenu de la démence de Charles VI, parviendra à faire représenter le roi par Isabeau de Bavière, sous l’influence des Bourguignons. Laquelle destituera son propre fils au profit du roi d’Angleterre et de ses héritiers légitimes en signant le traité de Troyes.Un traité plus tard contesté par Charles en raison de l’état de santé de son père.

 

Quelque part, la providence veille sur la France puisqu’en mourant avant Charles V,le roi Henri V ne pourra succéder au roi de France. Et son fils, Henri VI d’Angleterre, n’a que neuf mois et est bien en peine de régner si jeune. C’est donc le duc de Bedford qui gouvernera Paris à sa place, jusqu’à ce que Charles s’auto proclame roi de France le 30 octobre 1422 sous le nom de Charles VII. L’ennemi étant aux aguets, le jeune souverain ne pourra se rendre à la cathédrale de Reims pour son sacre et devra se contenter de celle de Bourges.

Les Anglais ne voient pas ce sacre sous un bon œil et fomente une triple alliance (comprenant le duc de Bedford, Philippe le Bon duc de Bourgogne et Jean V duc de Bretagne) afin de contrer Charles VII. Jean V trouvera entre temps un compromis avec le jeune souverain français par l’entremise de Yolande d’Aragon, duchesse d’Anjou. Cette alliance franco-bretonne ne sera pas superflue pour faire face aux Anglais et aux Bourguignons lors des durs combats menés pour recouvrer l’intégralité du royaume de France. De 1422 à 1425, Charles VII parviendra à consolider ses positions, mais aura besoin de renforts qu’il recherchera auprès de la maison d’Anjou, mais Yolande d’Anjou demandera à Charles VII de consentir au rapprochement des duchés de Bretagne et de Bourgogne. Malgré tout, le sort de la France semble incertain entre 1425 et 1429, alors que se succèdent défaites et victoires : c’est qu’on ne se débarrasse pas des Anglais aussi facilement, eux qui ont pour objectif de conquérir Orléans et ses ponts.

Entre temps, le roi Charles VII s’est réfugié au château de Chinon, à cet endroit même où, le 25 février 1429, une jeune fille viendra le trouver et lui demander audience. Jeanne d’Arc (c’est son nom) l’encourage alors à se faire sacrer à Reims et à lever son armée pour bouter les Anglais hors de France. Orléans entame bientôt un long siège de près de dix mois, à l’issue duquel les forces fidèles à Charles VII remporteront une éclatante victoire. Jeanne d’Arc participera sans relâche à d’autres combats victorieux jusqu’au jour où elle tombera dans une embuscade et sera faite prisonnière par le camp des Bourguignons. Vendue aux Anglais puis jugée sommairement, elle est brûlée vive à Rouen le 30 mai 1431. Charles VII fera ouvrir une enquête sur les circonstances de son procès et de son supplice, puis obtiendra une solennelle réhabilitation en 1456. Le souverain conservera longtemps en lui cet élan extraordinaire suscité par la jeune fille de Domrémy, ce qui l’aidera à asseoir son autorité et lancer la reconquête des territoires perdus sur les Anglais. Des négociations sont donc entamées avec le duché de Bourgogne et la Paix d’Arras, proclamée le 21 septembre 1435 met enfin un terme à la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons. Voilà qui laisse désormais au souverain les mains libres pour affronter les Anglais.

 

Sur le front intérieur, Charles VII a aussi fort à faire :

 

- La pragmatique Sanction du 7 juillet 1438 lui permet d’être le chef naturel de l’Eglise de France

 

- Les ordonnances d’Orléans réservent au roi et à lui seul la prérogative de lever des compagnies de gens d’armes. Le souverain décrète également l’unité de l’impôt royal de la taille, au détriment des tailles seigneuriales afin de financer durablement l’armée. La réaction est violente et les grands vassaux s’engagent dans une révolte armée contre Charles VII, connue sous le nom de Praguerie de 1440. Les troupes royales, dont Charles VII prendra la tête, auront finalement le dernier mot.

 

- En 1445, le roi crée les premières unités militaires permanentes du roi de France appelées compagnies d’ordonnance. Désormais bien armé, le royaume mènera la Bataille de Normandie, chassant les Anglais de Rouen (novembre 1449), Caen (juillet 1450) et Cherbourg (août 1450) jusqu’à libérer entièrement la province normande du joug anglais après un an de combats.

 

-Chasser les Anglais de Guyenne s’avérera plus compliqué car les Bordelais les considéraient comme des clients privilégiés dans le commerce du vin. L’armée royale ayant procédé au siège de Bordeaux, parvient à prendre la capitale de la Guyenne en 1451 mais, un an et demi plus tard, les habitants révoltés rouvriront les portes aux troupes anglaises, faisant les Français prisonniers et mettant Bordeaux à nouveau sous domination anglaise. Déterminé, Charles VII renverra des renforts en 1453 et permettra ainsi de reconquérir la ville le 5 octobre de la même année.

 

Les dernières années du règne de Charles VII seront troublées par l’ambition de son fils, le futur Louis XI, lequel a participé à la Praguerie de 1440, mais aussi conspiré contre Agnès Sorel et Pierre de Brézé, contraignant son père à le chasser de la cour. Le fils se réfugie dans le Dauphiné d’où il poursuit ses sinistres projets, obligeant Charles VII à envoyer son armée pour marcher sur le Dauphiné, et poussant Louis à se réfugier chez Philippe le Bon en Bourgogne. Une province que le futur successeur de Charles VII ne quittera plus jusqu’à la mort de son père.

Autre déchirement : l’arrestation de Jacques Coeur, grand argentier du roi, en 1451, due à ses créanciers et à des jalousies personnelles.

Reste le cas de la Pucelle d’Orléans, que Charles VII aurait abandonné à son sort. Le souverain cautionnera néanmoins le procès en nullité de la condamnation de Jeanne d’Arc, procès lavant définitivement la jeune fille de toute accusation d’hérésie en 1456.

Charles VII s’éteint à l’âge de 58 ans le 22 juillet 1461, après pratiquement quarante années de règne.

 

INFOS PRATIQUES :

  • Livre « Charles VII : le Victorieux » de Georges Bordonove (Pygmalion)







 



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