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Les Héros de la France éternelle - Charles VI
(21) (France)
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Lundi 30 mai 2022

 

Fils du roi Charles V le Sage, et de la reine Jeanne de Bourbon, Charles VI entre en scène : surnommé « le Bien-Aimé », puis « le Fou » (à partir du 19 ème siècle), il est le quatrième souverain de la branche des Valois de la dynastie capétienne. Il n’a que douze ans lorsqu’il monte sur le trône, à la disparition d’un père, charles V, qui lui laisse une situation militaire favorable marquée par la reconquête de la majorité des possessions anglaises en France. Le jeune souverain est d’abord placé sous la régence de ses oncles, les ducs de Bourgogne, d’Anjou, de Berry et de Bourbon, jusqu’à l’âge de 20 ans, date de son émancipation.

 

Le jeune roi, né en 1368 à l’Hôtel Saint-Pol (Paris) mourra au même endroit en 1422, à l’âge de 53 ans. Seul survivant (ses frères ainés étant décédés avant sa naissance), Charles VI est alors titré automatiquement Dauphin de France, puis sacré roi de France le 4 novembre 1380, en la cathédrale de Reims. Et le jeune souverain d’être vite confronté à un exercice trépidant du pouvoir, du fait de révoltes apparues à Rouen qui atteignent la capitale en mars 1382, à cause du déferlement des Maillotins (révoltés pillant Paris et tuant les collecteurs d’impôts avec des maillets de fer), lesquels subiront une terrible répression (beaucoup d’entre eux seront décapités ou pendus). Il faut souligner que la population avait été poussée à bout, accablée par le rétablissement d’anciens impôts trois mois plus tôt, par ses oncles qui se disputaient alors le pouvoir en s’enrichissant sur le dos du peuple.

Un autre terme ressort du règne de Charles VI, celui de « marmousets » (favoris, intimes du roi) : ce nom désigne en effet les anciens conseillers de Charles V, sur lesquels le jeune souverain se reposera pour gouverner le pays, après avoir remercié ses oncles de l’avoir assisté avant son sacre. Bureau de la Rivière fait partie d’entre eux, au même titre que Jean de Montagu, Olivier V de Clisson ou Jean Le Mercier...des sujets issus ni du peuple, di des princes, ni des fonctionnaires mais simplement des proches du nouveau roi. Tous étaient solidaires entre eux et avaient fait le serment de toujours rester unis au service du jeune Charles VI.

 

Entouré par d’anciens conseillers de son père (marmousets), le jeune Charles VI sera éduqué au pouvoir sur des bases saines : pratique du bon gouvernement, recherche de la paix, de la dépense raisonnable, d’une bonne politique intérieure et du souci du bien-être du peuple. Autant dire, une politique aux antipodes de celle conduite par ses oncles.

La fragilité mentale de Charles VI ne va pas tarder à s’exprimer puisque le roi est pris d’un premier acte de folie dans la forêt du Mans, le 5 août 1392, alors qu’il conduit une expédition militaire contre le duché de Bretagne. Il attaque alors sa propre troupe, tuant au passage quatre personnes avant d’être maitrisé.L’homme retrouve sa lucidité après deux jours d’inconscience, mais les accès de folie intermittents n’auront de cesse de ternir son règne, au point de bientôt l’écarter du pouvoir. Le roi est alors persuadé qu’il est fait de verre, et qu’il peut se briser à chaque instant, d’où les précaution prises lors de ses déplacements (outre le fait que Charles VI interdit à quiconque de le toucher, il porte des vêtements « renforcés » afin de le protéger d’éventuels chocs), comme l’utilisation d’un char rempli de coussins pour amortir le choc des ornières. Ce trouble psychique d’illusion de verre dissuade le souverain de monter à cheval et même de marcher. D’autres crises surviendront jusqu’en 1422, date de la mort de Charles VI : pas moins de 52 crises sont rapportées par la « chronique du religieux de Saint-Denis », dont une, très prolongée entre mai 1419 et décembre 1420.

Triste fin pour un roi si souvent plongé dans la mélancolie (possible explication de ses crises de démence) que son épouse, Isabeau De Bavière, tentera de dissiper en organisant le 28 janvier 1393 et en l’Hôtel Saint-Pol, un bal en l’honneur du remariage de l’une de ses dames de compagnie, le fameux « Bal des ardents » (ou Bal des sauvages), pour distraire le roi de France. Certains imaginent alors cet événement comme un charivari traditionnel au cours duquel les danseurs (dont Charles VI) sont déguisés en sauvages, ou en créatures mythologiques. Or, ce spectacle finit tragiquement lorsque quatre membres de la noblesse périssent dans l’incendie causé par une torche. Cet épisode tragique traumatisera durablement Charles VI, déjà mentalement fragilisé, tout en mettant à mal la crédibilité du souverain quant à sa capacité à gouverner le royaume. L’incident, qui témoigne de la décadence de la cour suscite d’ailleurs la colère des Parisiens qui menacent bientôt de s’en prendre aux régents et aux membres éminents de la noblesse.

 

On assiste bientôt au retour des oncles de Charles VI, avec son cortège de rivalités : la guerre civile resurgit avec l’assassinat en 1407, du duc d’Orléans, frère du roi et gendre du duc d’Armagnac, sur ordre de Jean sans Peur, duc de Bourgogne. La France est alors divisée en deux camps, celui des Armagnacs, partisans du duc d’Orléans, et celui des Bourguignons, partisans du duc de Bourgogne.

Les désordres qui s’abattent sur la France replongent le pays dans la guerre de Cent Ans, à la faveur du roi d’Angleterre, Henri V, qui profite de ces troubles pour armer des troupes contre le royaume de France et reprendre sa revanche. Il remporte ainsi la bataille d’Azincourt en 1415 puis reconquiert la Normandie. Puis, le conflit entre Armagnacs et Bourguignons, né des querelles entre les ducs, toujours avides de pouvoir et de profits, conduit en 1419 à l’assassinat de Jean sans Peur (fils de Philippe de Bourgogne), et débouche sur le traité de Troyes de 1420, résultat de l’alliance du camp bourguignon avec les Anglais. Dès lors, tout ce qui avait été réalisé par Charles V est défait.

 

Revenons sur la bataille d’Azincourt dont nous avons tous un lointain souvenir, ne serait-ce qu’à travers nos manuels d’histoire : celle-ci a lieu le 25 octobre 1415, lors de la guerre de Cent Ans, et met en présence les troupes françaises (10 000 hommes et les troupes anglaises (8 000 hommes). Alors que l’armée anglaise conduite par le roi Henri V tente de regagner Calais (devenue anglaise en 1347), les Français cherchent à leur barrer la route. Débarquée dès le 13 août près de la ville d’Harfleur, l’armée anglaise parvient à prendre cette dernière après un mois et demi de siège. Cette prise stratégique ouvre à l’armée anglaise un accès à la Normandie. Prudent, le roi d’Angleterre renonce sur l’instant à marcher sur Paris compte tenu de l’hiver qui approche, préférant replier ses forces au nord du royaume de France d’où il rembarquera pour l’Angleterre.

Ce projet est vite contrarié par l’ost de France qui parvient à rattraper les Anglais le 24 octobre 1415. L’affront est inévitable, et les deux camps livrent bataille, chacun avec ses armes. Les Français utilisent une cavalerie lourde, handicapée par le terrain boueux, peu adaptée à la politique de retranchement de l’occupant anglais, qui transperce les soldats français à l’aide de grands arcs à très longue portée. Cette bataille marque alors la déroute de la chevalerie française face à une armée ennemie inférieure en nombre, la fin d’une époque et l’avènement d’une nouvelle ère, celle de la suprématie des armes à distance. A quelque chose malheur est bon puisque cette tragédie (blessés et prisonniers seront massacrés par le camp anglais) contribuera à l’esprit de revanche de notre pays, à la future épopée de Jeanne d’Arc et avec elle, au développement de l’artillerie dont la France fera plus tard sa spécialité.

 

Le roi Charles VI quittera ce monde le 21 octobre 1422, à l’Hôtel Saint-Pol, là où il avait vu le jour, distancé de seulement quelques semaines par son rival Henri V, roi d’Angleterre, qui rendit l’âme le 31 août de cette même année. Âgé de 53 ans et après quarante années de règne, les clauses du traité de Troyes prévoit alors qu’ Henri VI, fils d’Henri V alors âgé de neuf mois, devienne roi de France et d'Angleterre, selon l’édiction du principe de l'union des deux couronnes. De nombreux sujets français estimeront l’invalidité de ce traité, mais ceci est une autre histoire...

 

 

INFOS PRATIQUES :

  • Ouvrage « Charles VI (1380-1422). Le roi fol et bien-aimé : Fils de Charles V » de Georges Bordonove (Pygmalion).







 



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