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Escapade girondine
(Gironde, France)
Heure locale

 

Lundi 13 septembre 2021

 

G comme généreuse, gourmande, géniale, grandiloquente,...et Gironde ! Pour m'être promené il y a quelques années dans ce département, je sais ô combien il est difficile de résister aux beautés de la baie d'Arcachon, à l'authenticité du marché de Bazas, aux charmes de Saint-Emilion et autres petits villages alentours. Sans oublier Bordeaux et son élégance naturelle, son patrimoine historique et ses gourmandises. Il y a tant de choses à voir que je vous invite aujourd'hui à nous replonger dans quelques iconiques girondines et bien d'autres choses encore...

 

Depuis l'ouverture de la ligne TGV, Bordeaux s'est rapprochée de Paris et il n'a jamais été aussi facile de passer un week-end en Gironde. Ce département met un point d'honneur à se mettre à la portée de tous. Ainsi les « balades à roulettes » s'ouvrent-elles aux personnes en situation de handicap (ou pas) sous la forme de chemins courts, carrossables, sans circulation automobile, des itinéraires préalablement testés et approuvés par les futurs utilisateurs. La Fédération Française de randonnée de Gironde identifie d'ores et déjà 95 balades à roulettes réparties sur l'ensemble du département, des prés-salés du bassin à la citadelle de Blaye, des écluses du canal de la Garonne aux parcs, aux étangs et aux forêts girondines. Le but premier est en effet de faire découvrir la randonnée au plus grand nombre, en toute sécurité et en toute mixité (valides ou non valides se croisent), qu'il s'agisse d'un enfant sur un tricycle, d'un ainé muni d'un déambulateur, d'une famille avec poussette ou d'une personne en fauteuil roulant. Le concept de ces balades est né dans les Pyrénées-Atlantiques il y a dix ans puis a été adopté par la Gironde en 2015. Dès lors, une armée de bénévoles a arpenté le territoire afin de débusquer les coins de charme, pouvant être rendus accessibles à tous, ce qui n'est pas une mince affaire, puisque sur une dizaine de circuits, seuls quelques-uns ont obtenu à ce jour le label national« Tourisme & Handicap ». Il faut dire que ce label est exigeant mais il garantit l'accès d'un parcours PMR (personnes à mobilité réduite) à au moins deux types de handicap (sensoriel, moteur ou mental). Une fois les sentiers repérés, ils sont testés par des sportifs handisport puis répertoriés sur fiches avec force détails (point de départ, itinéraire précis, équipements sur le site...) Il s'agit de circuits d'une distance de 500 mètres à quatre kilomètres, disposant d'un parking, sans dénivelé notable et offrant un revêtement suffisamment roulant loin de tout trafic automobile. Ces itinéraires sont ensuite promus par Gironde Tourisme via les réseaux sociaux tandis que des fiches des parcours sont téléchargeables sur plusieurs sites.


 

Autre point d'attrait de la Gironde, la parution cet été d'un hors-série « La Gironde, en 101 sites et monuments », entièrement consacré au patrimoine architectural et naturel du département, sorte de guide de voyage présentant 101 monuments et sites en images et descriptifs associés. Qui aurait imaginé qu'il y a trente millions d'années, requins et lamantins brouteurs d'algues cohabiteraient en lieu et place de la future Burdigala (Bordeaux) dans ce qui était alors un golfe (actuelle Gironde)? Et le département de reprendre plus tard le nom de l'estuaire (le plus grand d'Europe) où se déversent deux fleuves, la Garonne et la Dordogne. Partir à la découverte des témoignages naturels et culturels du passé est riche d'enseignement et les sites et édifices, prestigieux ou modestes, nous apprennent beaucoup sur le pourquoi et le comment de l'aménagement des territoires. Ces patrimoines naturels et bâtis, plus vivants que jamais, se révèlent à nous au fil des pages de ce hors-série.


 

Je ne m'étendrai pas sur les lieux déjà mentionnés sur mon site et ce survol des beautés figurant au sommaire de cette revue ne saurait être exhaustif. Puisse simplement mon article vous donner envie de visiter ce si joli département, et mes écrits n'auront pas été vains.

Direction Soulac-sur-Mer et ses mattes de Paladon : à la Pointe du Médoc, les marais succèdent au sable et à la forêt, une exception le long de cette côte girondine. On doit l'assèchement de ces terres humides aux Hollandais qui assainirent le Médoc dès 1628 grâce à l'émergence d'une bande de terre de vingt kilomètres, appelée « les mattes », une terre gagnée sur l'estuaire pour être cultivée, selon la technique des polders. Coincée entre le Verdon et Talais, « la Paladon » représente bien la diversité des paysages et des usages apparus au fil des siècles. Marais salants, pisciculture, puis pâturages se sont succédés sur ces terres riches cultivées depuis le 18è siècle dans un contexte spécifique en raison de la présence de canaux, chenaux et fossés. Les mattes jouent ainsi un rôle essentiel de régulateur en formant une sorte de sas censé limiter l'effet de pompe consécutif au flux et reflux des marées. Ici, les ressources naturelles sont nombreuses (pêche à l'huitre, à la civelle, cueillette de cèpes et chasse) et à la disposition des habitants, même si, depuis 2003, les 370 hectares des mattes de Paladon sont devenus la propriété du Conservatoire du littoral.

 

A la Pointe de Grave au Verdon-sur-Mer, se dresse encore la batterie des Arros (en photo ci-dessous), poste de commandement de toute l'artillerie côtière aux mains de la Kriegsmarine et station radar Vogel (« oiseau » en allemand), installée par la Luftwaffe pour surveiller l'espace aérien. Cette batterie fut à l'origine aménagée dans les années 1930 par l'armée française pour protéger l'accès à l'estuaire de la Gironde. Lors de la Seconde guerre mondiale, les troupes allemandes en prendront possession fin juin 1940 pour en faire un centre d'observation. Deux ans plus tard, Hitler engagera la fortification des côtes ouest du Reich et le Mur de l'Atlantique prendra alors forme. L'occupant fait alors de la batterie des Arros un poste de commandement pour toute son artillerie côtière sous le contrôle de la Kriegsmarine. Sur les dix hectares du site, seront construits vingt bunkers (avec baraquements, cuisines et logements d'officiers). La station radar, elle, avait été installée au lieu-dit Le Terrier Saint Nicolas pour surveiller l'espace aérien. Une autre station, celle de La Tour Noire est la mieux conservée de toute la façade atlantique et ses positions sont visitables.


 

Attardons-nous maintenant sur la caserne Lamarque de Libourne et sa superbe charpente du manège (ci-dessous) : c'est sous Louis XV, en 1757, que fut envisagée la construction d'une caserne militaire pour y abriter les troupes de Libourne. François Dominique Barreau de Chefdeville héritera du projet, ce joyau de technicité de style « grec » incluant notamment un escalier néo-classique à double volée sans pareille. Le lieutenant-colonel Armand Rose Emy, lui, concevra la superbe charpente du manège, avec ses quatorze portiques en arc plein-cintre, chacun constitué d'une superposition de cinq planches en sapin, boulonnées entre elles et dont les joints, carrés, sont décalés (l'ancêtre du lamellé-collé actuel). 72 jours de travail acharné et quinze hommes furent nécessaires pour assembler cet ouvrage alliant élégance et modernité. Le général napoléonien Lamarque sera quant à lui convoqué en 1830 par Louis-Philippe pour reprendre en main la caserne portant son nom. De nombreux régiments se succéderont dans ces murs avant que les derniers occupants, l'école de sous-officiers de la gendarmerie nationale ne plie bagage et que l'édifice ne soit inscrit aux Monuments historiques en 2013. L'endroit devrait à terme être transformé en un centre commercial dédié au vin avec hôtel, parc d'attractions, brocante et musées.


 

Rendons-nous à Loubens pour y découvrir son moulin fortifié (ci-dessous), classé monument historique depuis 2000. Sur les dizaines de moulins jadis érigés sur le Dropt, l'un d'entre eux se détache nettement : le moulin fortifié de Loubens fut bâti au début du 12è siècle sur les vestiges d'une voie gallo-romaine qui reliait Castelmoron-d'Albret à La Réole et ne compte qu'un seul moulin à farine édifié en rive droite à l'origine, là où se dresse aujourd'hui l'actuelle haute tour carrée. Le seigneur de Loubens fera construire un second bâtiment sur l'autre rive en 1765, pour y pratiquer le foulonnage du chanvre et du lin. Entre temps, le célèbre moulin sera témoin de bien des luttes de pouvoir et de batailles nécessitant sa fortification. Devenu un ensemble de moulins, le site deviendra la propriété des Chollet, une famille bourgeoise, qui en fera un tout autre usage après la révolution française, après avoir raccordé, en 1865 les deux édifices par un bâtiment supporté par une double rangée d'arches en plein cintre, dignes du château de Chenonceau. Quelques dizaines de mètres en aval de la rivière, sera jeté à la même époque un pont dit « Eiffel ».


 

Le bourg de Saint-Macaire, lui, a conservé une partie de ses impressionnantes murailles. Ceint de champs et de vignobles, la petite cité médiévale dresse sa façade méridionale sur un belvédère rocheux dominant la vallée de la Garonne. Il suffit de déambuler dans les rues de la vieille ville pour admirer la beauté de son décor monumental et l'harmonie de ses belles pierres ocre. Disciple de saint Martin, Macaire passa par là au 4ème siècle et évangélisa la région. Inhumé dans l'église de Ligena (ancien nom du bourg), la vénération des fidèles fut telle que la ville prendra le nom de Saint-Macaire. Riche de ses domaines agricoles et de ses villas patriciennes, la cité attirera la convoitise des barbares puis les affres du Moyen-Âge avant que les moines bénédictins venus de Sainte-Croix de Bordeaux ne s'établissent sur place au 11è siècle et sortent Saint-Macaire de sa torpeur. Quant aux fameuses murailles, elles protégèrent la ville durant les guerres de Religion mais cédèrent sous l'assaut de la Fronde aux sapeurs du duc d'Epernon en 1649.

Après le déclin du 19è siècle, le bourg entre dans une nouvelle ère à la suite d'une campagne de réhabilitation : elle conserve en effet une partie de ses murailles tandis que le Mercadiou (Place du Marché) jadis le centre commerçant de l'endroit, est devenu l'un des hauts-lieux patrimoniaux de la ville grâce à l'exceptionnelle concentration de demeures anciennes sur place. De l'ancien prieuré subsiste une partie de l'aile sud du cloitre et sa très belle église prieurale à nef unique.


 

Lacanau n'est pas en reste en matière de patrimoine puisqu'elle abrite le hameau de Talaris (ci-dessous), en bordure du lac de Lacanau. Après Lacanau-Océan, Lacanau-Ville, voici Talaris, le troisième plus grand quartier de la commune. Le plus récent aussi. Autrefois prés marécageux sous couvert de pins et de chênes en bordure du lac, la zone accueillera une vingtaine de hameaux séparés par des coupures végétales, une fois l'endroit drainé et partiellement déforesté. Nous sommes alors entre 1967 et 1970 et les promoteurs signent un premier ensemble de maisons en bois, programme qui sera plus tard suivi de la création d'une plage et de maisons inspirées de l'habitat traditionnel local comme les cabanes d'ostréiculteurs du Bassin d'Arcachon de carrelets ou de séchoirs à tabac, construites sur pilotis au milieu d'une végétation abondante. D'autres maisons semi-lacustres (le hameau des Lagunes), sorte de maisons paillottes sur pilotis complèteront l'ensemble en 1974 avec plus ou moins de succès. Le site, desservi par une allée circulaire et de plus petites artères secondaires permet la survivance des 19 hameaux dans un environnement végétal préservé.Cet « urbanisme éclaté en forêt » a tout de même permis de transformer 130 hectares de marécages en zone résidentielle de tourisme tout en respectant les qualités intrinsèques du site. Beau résultat.

 

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