Revoir le globe
Top


Le Parc aux Eléphants de Knysna
(Knysna, Province du Cap-Occidental, Afrique du Sud)
Heure locale

 

Mercredi 20 Novembre 2019

 

Si un éléphant ça trompe énormément, j'étais au moins sûr de ne pas me tromper d'endroit en me rendant ce matin au Parc des éléphants de Knysna. L'endroit qui a ouvert ses portes en 1994 est bien plus qu'une attraction touristique puisqu'il s'agit d'un orphelinat qui recueille les pachydermes accidentés de la vie ou abandonnés. Premier établissement du genre en Afrique du Sud lors de son ouverture, ce parc est si sûr de ses pensionnaires qu'il permet aux visiteurs de marcher au milieu des éléphants en toute sécurité. Bien sûr, ces grosses bêtes restent des animaux sauvages et les précautions d'usage doivent être impérativement respectées durant la visite. A cet égard, la présence renforcée des guides (un guide pour cinq personnes) rassure et permet un bon déroulement de la promenade.

 

La route entre George et Knysna me permet de rouler à vive allure, excepté lors des quelques chantiers routiers qu'il me faudra franchir. Et hommes et femmes de ces chantiers d'agiter imperturbablement leur drapeau rouge ou jaune afin d'attirer l'attention des conducteurs sur les travaux en cours. La traversée de la petite ville de Knysna s'avérera laborieuse (trafic important et feux tricolores à franchir) et longue. Kitty, ma logeuse durant ces deux jours, m'installera royalement (çà tombe bien, elle est d'origine anglaise!) dans mon pied à terre situé dans une zone résidentielle et donc au calme.

Il ne me faudra qu'un quart d'heure pour me rendre au parc des éléphants situé à mi-chemin entre Knysna et Plettenberg Bay. Un panneau m'indiquera de tourner à gauche et je m'engagerai sur une piste poussiéreuse au bout de laquelle apparaitra l'entrée du parc, deux kilomètres plus loin.

 

Dès mon arrivée, je m'inscris pour la prochaine visite guidée qui est prévue à 11h00 (un départ a lieu toutes les trente minutes) et jette un coup d'oeil aux informations exhaustives offertes par le centre d'interprétation aménagé à côté de la réception. Un rappel historique m'apprendra que la route des jardins sur laquelle se trouve Knysna date de l'âge de pierre. Preuve en est la rencontre entre les San (premiers hommes présents sur ces terres) et les pachydermes matérialisée par une peinture rupestre que j'ai photographiée récemment lors d'une précédente sortie. L'éléphant fut depuis la nuit des temps et reste encore de nos jours un symbole de force et de pouvoir. L'arrivée des Européens aux 15è et 16è siècles sera pourtant désastreuse pour l'animal qui, expulsé des montagnes de l'Outeniqua, se réfugiera dans les forêts encore préservées de Sitsikamma. Dès 1782, le Français François Le Vaillant chassait déjà l'éléphant à quelques kilomètres du parc actuel, à Die Poort, prenant un malin plaisir à viser l'animal et à lui coller une balle entre les deux yeux, d'après la description qu'il fait alors de ses sorties de chasse dans l'Illustrated London News du 2 novembre 1867. Et la chasse aux pachydermes de tourner à l'extermination dès 1918 de, je cite, « ces animaux qui représentent un danger pour les fermiers et les touristes »...On utilise alors tous les prétextes pour décimer la population d'éléphants : chasse sportive, consommation de la viande, trafic d'ivoire ou envoi de spécimens aux scientifiques afin de faire des recherches. Vers 1876, on estimait à 4500 individus la population restante de ces animaux réfugiée en forêt. Pour le Capitaine Harrison, alors Conservateur des forêts, il était urgent d'arrêter le massacre et de placer les éléphants de Knysna sous haute protection. Et notre homme de se heurter à une fin de non-recevoir. Dix années plus tard, une loi de protection sera tout de même votée imposant aux chasseurs d'obtenir une autorisation de chasser, accordée par le gouverneur, excepté pour les fermiers qui avaient toujours le droit de tuer les éléphants présents sur leurs terres. En 1908, à la veille de la disparition totale de l'animal, le gouvernement du Cap se résoudra à n'autoriser la chasse à l'éléphant que sur autorisation royale. Tout un train de mesures (fortes amendes en cas de non respect des textes, interdiction de chasser les femelles et les pachydermes possédant des défenses insuffisamment développées...). Les années suivantes verront enfin naitre une prise de conscience générale sur la nécessité de préserver l'éléphant.

 

La visite débutera à l'heure pile et notre groupe sera invité à regarder un film de quelques minutes présentant le centre de réhabilitation. Puis, le guide nous conviera à monter à bord d'un wagon équipé de sièges et tiré par un tracteur pour nous acheminer à plusieurs centaines de mètres de là, sur le lieu de rencontre avec les éléphants. C'est la première fois que je vais me retrouver au milieu de ces gros animaux, sans barrières ni clôtures. Curieusement, j'aperçois déjà ici et là des zèbres. Mais que viennent-ils donc faire au milieu des éléphants ? Un guide me répond alors que ces deux animaux cohabitent parfaitement.

La visite comporte deux parties : le repas des éléphants (ci-dessus) et la visite pédagogique. Certains visiteurs ont emmené avec eux un seau en plastique contenant des fruits qu'ils offriront bientôt à toutes ces trompes qui se tendent expressément. Je dois dire que ce spectacle des éléphants alignés sagement au même endroit et attendant leur pitance est drôle comme tout. C'est qu'un animal comme celui-ci avale quotidiennement 200 kilos de nourriture. Et que les fruits restent somme toute une gourmandise toujours appréciée. A tout instant, les guides veillent au respect de distances avec les animaux. Au début, nous serons une quinzaine de personnes dans le même groupe. Un quart d'heure plus tard, nous formerons trois groupes de cinq personnes, avec un guide pour chaque groupe qui nous accompagnera dans un immense champ où évoluent les animaux. Bientôt, çà sera séance photos pour celles et ceux qui le souhaitent, aux côtés d'un éléphant fort occupé à se gaver d'herbe fraiche. Un photographe du parc qui prend lui-même des clichés, aura la gentillesse de me prendre en photo avec cet éléphant fort sympathique (ci-dessous). Séquence émotion.

 

La séance des questions débute et le guide y répond sans sourciller. Il nous explique qu'un nom est donné à chaque pachyderme dès leur arrivée au centre. En 1994, c'est Ian et Lisette Withers qui recueilleront deux éléphants âgés de quatre ans sauvés in-extrémis de la réforme, au Parc national Kruger. Et de leur donner les noms de Harry et Sally en souvenir d'un célèbre film de l'époque. Le parc aux éléphants de Knysna était né. Trois ans plus tard, deux jeunes éléphants mâles arrivaient à leur tour. Harry fera bientôt le tour des écoles pour distribuer la bonne parole aux enfants et les convaincre du bien-fondé de la préservation de son espèce. En 2000, l'heure des investissements a sonné : la ferme d'origine s'agrandit et inclut désormais un dortoir, une boutique de souvenirs et un restaurant (où l'on déguste un délicieux gâteau à la carotte avec un excellent café!). En janvier 2001, un bébé éléphant est retrouvé abandonné à l'extérieur du camp de Satara, au parc national Kruger. Ian et Lisette prennent aussitôt la route, de nuit, pour récupérer la pauvre bête qui recevra le nom de Satara. Et le bébé d'être adopté sur le champ par les éléphants adultes. Opération sauvetage réussie, du moins le pensait-on car l'éléphanteau mourra, au mois de novembre 2001, d'une maladie due à un stress de long-terme trop important. Le bébé ne s'était probablement jamais remis de son abandon onze mois auparavant. Mais la vie continue et laissera la place libre à d'autres éléphanteaux rescapés de l'existence. 2002 sera une nouvelle année synonyme d'agrandissement de l'orphelinat, avec la construction de la réception et du centre d'interprétation. On fêtera également cette année-là l'arrivée de Boma, un nouvel éléphant.

Quoi de plus beau qu'une naissance ? Celle de Thandi (ci-dessous) ce 16 octobre 2003 fera date dans l'histoire du parc car cet éléphanteau sera le premier à naitre sur place. Victimes du braconnage, animaux condamnés à la réforme, ou orphelins, les éléphants sauvés par le parc ont parfois été victimes de cruauté d'autres animaux. Ce sera le cas en juin 2004, lorsque Ian et Lisette apprendront l'attaque d'éléphants par des...rhinocéros, dans un parc de Namibie. Et notre couple de partir immédiatement sur place afin de récupérer deux nouveaux pensionnaires baptisés Namib et Tosha. L'amour, toujours l'amour donnera naissance à Tembi, fils respectable de Tosha et de Harry quelques temps plus tard...


 

Dès 2009, le parc déplorait déjà l'absence de recherches concernant les éléphants vivant en captivité dans ce pays et ne tardera pas à créer l'AERU (African Elephant Research Unit), une unité de recherches sur les éléphants d'Afrique, dont les missions consistent à promouvoir une recherche éthique sur le pachyderme, à encadrer la gestion des éléphants vivant en captivité, développer l'information auprès du public afin de contribuer à la sauvegarde des éléphants sauvages, et encourager la préservation de l'espèce par l'éducation des enfants dès le plus jeune âge. Pour remplir ces missions, AERU recherche constamment des volontaires, qualifiés ou pas en matière de recherche animalière et de préservation de l'espèce. Le plus important étant d'aimer les animaux et d'être animé par l'envie de bien faire et d'apporter son aide. Oeuvrer aux côtés d'éléphants est source d'humilité et permet d'acquérir des connaissances dans de nombreux domaines (recherche scientifique, éducation, préservation...) tout en participant au programme environnemental du centre. Pourquoi pas vous ?

 

INFOS PRATIQUES :

  • Parc aux éléphants de Knysna, à 17 kilomètres de Knysna, sur la route N2 en direction de Plettenberg Bay. Le parc se trouve sur la gauche, et est accessible par une piste de deux kilomètres. Tél : +27 44 532 7732. Visite guidée : 320 Rands par personne. Une visite guidée est organisée toutes les 30 mn. Le centre est ouvert tous les jours de 9h00 à 16h30. Site internet : www.knysnaelephantpark.co.za
  • Les candidats potentiels pour devenir volontaire au centre peuvent adresser une demande d'information à l'adresse suivante : volunteer@aeru.co.za ou directement se rendre sur le site dédié : www.aeru.co.za

  • Parrainer un éléphant peut être un acte de générosité (de poids!) contribuant à l'entretien d'un animal (nourriture, soins médicaux...). Des programmes de parrainage existent (qui incluent un certificat, des photos de votre éléphant, l'envoi de nouvelles de celui-ci chaque trimestre et des remises et réductions pour les activités du parc). Se renseigner à la réception ou écrire à : info@knysnaelephantpark.co.za

 











Retour aux reportages







Qui Suis Je - Reportages - Médiathèque - Calendrier - Pays - La lettre - Contact
Site réalisé par Kevin LABECOT
Disclaimer - Version mobile